Peut-on être féminine et féministe ?

Tu te demandes si ta féminité est compatible avec le féminisme ? Tu es féministe et tu as l’impression qu’on ne te prend pas au sérieux parce que tu portes des talons aiguilles ? Tu aimerais savoir si le degré de féminité définit ton féminisme ?

Nous nous sommes également beaucoup interrogées sur l’éventuel rapport entre nos styles vestimentaires et notre engagement féministe.

Il apparaît clairement que l’on peut être féminine et féministe car notre apparence ne reflète pas notre façon de concevoir la vie et nos convictions. Notre look ne définit pas notre appartenance à un courant de pensée.

Tu découvriras dans cet article nos réflexions sur :

• Ce que la société attend de l’apparence des femmes
• Comment la mode a rejoint le mouvement féministe

Passons tout de suite aux choses sérieuses !

La tenue vestimentaire, longtemps considérée comme un insigne d’identité culturelle

Les femmes d'aujourd'hui s'habillent comme elles le font en raison des nombreuses évolutions, révolutions et bouleversements sociaux des XIXe et XXe siècles.

Trois concepts importants se distinguent mais sont complémentaires : le féminisme, la féminité et la mode :

• Il existe une relation historique entre l'apparence extérieure d'une femme et sa féminité essentielle ;
• Nos sociétés modernes font la promotion de la mode comme une activité digne des femmes, les attirant dans un monde de règles basées sur l'imitation, la conformité et le consumérisme. Cependant, les modes et les styles vestimentaires actuels ont été radicalement affectés par les changements du XXe siècle dans le statut, l'emploi et la mobilité sociale des femmes ;
• Au cours des dernières années, le féminisme a remis en question les hypothèses de longue date selon lesquelles les femmes et leurs vêtements ont un rôle subordonné dans la société.

Le monde de la mode rejoint le mouvement féministe

De nombreux créateurs de mode tentent de présenter des lignes qui renforcent les idéaux féministes.

A commencer par Coco Chanel, qui a révolutionné la mode féminine au début du 20e siècle. En portant un pantalon, elle a fait un choix choquant pour l’époque, mais elle a ouvert la voie aux femmes à l'avenir. Exit les corsets, les robes longues et encombrantes, les chapeaux trop lourds.

Elle était à contre-courant de son époque, cherchant à créer des tenues confortables et élégantes, adaptées aux femmes dans leurs activités quotidiennes. Elle a toujours cherché à libérer la femme.

Elle est également à l’origine de la mode garçonne, ce mouvement né après la première guerre mondiale, qui revendique l’égalité des sexes et l’émancipation des femmes.

Rappelons-nous également la collection printemps/été 2014 de Prada, ses robes au style urbain, colorées et ornées de portrait de femmes. Les médias ont inévitablement parlé de néo-féminisme. Ces vêtements signifiaient tout simplement que les femmes souhaitaient se faire entendre : « Nous sommes des femmes, nous sommes belles, nous sommes fortes, alors écoutez ce que nous avons à dire ! »

Une autre victoire pour les femmes dans la mode a eu lieu lorsque de grandes maisons de design ont nommé leurs premières directrices de création féminines, comme Clare Waight Keller pour Givenchy en 2017 et Maria Grazia Chiuri pour Dior en 2016, qui a apposé la fameuse déclaration : "We should all be feminists" sur un t-shirt pour sa première collection au cours de la saison printemps/été 2017.

Le féminisme est bien plus qu’une question d’égalité des genres

Il s'agit également de changer le regard de la société sur les femmes et de diminuer les rôles et les attentes qui laissent entendre que les femmes sont "ornementales". La mode est devenue petit à petit une façon de donner aux femmes une voix, un moyen d'expression et un sentiment d'autonomie.

De la même manière qu’un homme s’habille comme il le souhaite, la femme doit pouvoir choisir son propre style vestimentaire, sans contraintes et sans se soucier de ce que sa tenue représente pour la société.

Principalement, le style personnel permet aux femmes d'acquérir un sentiment d'appartenance à leur propre identité.

Malgré tout, une trop forte féminité peut encore avoir une connotation négative. Le stéréotype prédominant est que les froufrous, le rose et les talons hauts traduisent selon certaines personnes, de la superficialité et du matérialisme.

D’un autre côté, rejeter le féminin et embrasser le masculin ne donnera pas aux femmes le même respect qu'aux hommes.

En fait, il est absolument capital de se défaire de cette notion selon laquelle la féminité est liée à la superficialité.

Tu es fan de talons aiguilles, des vêtements roses, de jupes et de bijoux en forme de cœur ? Et alors ? Le féminisme n’a pas de style, pas de genre.

Ta féminité, ton féminisme !

Ces deux notions sont donc indépendantes l’une de l’autre. Une femme n’est jamais trop féminine pour être féministe. Le féminisme est une façon de penser, le féminin est une sensibilité personnelle.

Les femmes définissent elles-mêmes ce que signifie être une femme. L'important est d'oeuvrer pour le féminisme, pour l'égalité des sexes.